A Madagascar, premier producteur mondial de vanille, les cultivateurs de l’île sont victimes de vol depuis plusieurs années. Au moment de la récolte la gousse de vanille, les tensions et la vague de criminalité montent d’un cran.
L’île représente 80% de la production mondiale de la vanille bourbon, l’île rouge est de loin le plus grand producteur mondial. Et les champs de vanille valent de l’or : 500€ le kilo de gousses de vanille. Une fortune dans un pays où le salaire moyen est de 175 € (source : numbeo). Sans surprise, les vols sont monnaie courante. Mais la sonnette d’alarme est tirée à l’heure où les malfaiteurs commencent à s’en prendre à des gousses de vanille verte.
C’est pourquoi en 2010, le prix de la vanille était de 40 dollars le kilo (environ 45€), et en 2015, il y a eu une énorme hausse du prix au kilos, qui atteigne presque les 500€ le kilo.
Une réelle lutte est engagée de la part des producteurs et des exportateurs pour enrayer ce problème qui met la filière en péril. Les planteurs de vanille de Madagascar ont instauré une surveillance de chaque instant. Nuit et jour, une arme à la main, ils sécurisent leurs champs. C’est dans ce contexte que plusieurs voleurs de vanille sous pied ont été tués par des planteurs prêts à tout pour défendre leurs précieuses terres.
Mais la sécurité des plantations reste dérisoire. Et les vols impactent profondément la qualité des gousses de vanille exportées. En 2017, des exportateurs ont malencontreusement acheté des vanilles cueillies avant maturité ou volées. Pour contrer ce fléau, les producteurs ont décidé de récolter la vanille quelques semaines avant la date annoncée, mais le résultat est dramatique : une vanille inodore ou de moins bonne qualité.
Tous les moyens sont bons pour se protéger
L’épice attire toujours la convoitise. Pour se protéger des vols de gousses de vanille, certains fermiers de Madagascar écrivent leurs noms ou des numéros de série sur leurs gousses. Des informations qui permettent de les identifier même lorsqu’elles sont sèches, les marques restant perceptibles.
Le Ministère de l’Agriculture a également mis en oeuvre un système de poinçonnage des gousses. Cette méthode consiste à identifier les gousses de vanille des producteurs afin de retracer l’origine du produit. Depuis le début de l’année 2020, sur près de 800 kilos volés et saisis par la gendarmerie malgache, 630 gousses de vanille ont pu être remises à leurs propriétaires grâce à cette technique.
Dans le même temps, les paysans-producteurs tentent de planter davantage de vanille pour que leur production soit rentable malgré les vols. Certains d’entre eux ont aussi construit des cabanes pour dormir dans leur champ et ainsi avoir une meilleure visibilité, à l’affût des voleurs.
Sans gousses, ils n’ont plus rien
Pour certains producteurs, la production de vanille est l’unique source de revenus. S’ils subissent des vols, ils se retrouvent sans rien malgré des années de travail acharné. Une situation de précarité qui engendre des scènes d’extrêmes violences. Par exemple, certains planteurs creusent des trous et les recouvrent de feuilles afin de piéger les voleurs de vanille, d’autres installent des mécanismes permettant de déclencher des tirs de fusil à l’approche des malfaiteurs.
Le vol de gousses de vanille est dramatique pour le secteur. La perte financière des producteurs s’élève à plusieurs millions d’euros. A l’avenir, des solutions doivent être trouvées pour enrayer ce fléau.